L'anesthésie et ses effets sur le rythme circadien de l'organisme

Des scientifiques de l'université d'Auckland (Nouvelle-Zélande) ont mené une série d'expériences qui ont montré que l'anesthésie peut perturber le rythme circadien de l'organisme. Ce rythme, ou horloge circadienne, régule de nombreux processus biologiques qui se déroulent dans l'organisme au cours de la journée, et son dérèglement peut expliquer des phénomènes tels que la distorsion de la perception du temps après le réveil d'une anesthésie.

Les recherches ont été menées sur des abeilles, car leur comportement permet d'observer facilement les changements dans l'activité des gènes circadiens. Les abeilles s'orientent dans le temps grâce à leur horloge interne, ce qui leur permet, par exemple, de trouver le chemin de la maison en se référant à la position du soleil. Les scientifiques ont utilisé de l'isoflurane, un médicament courant pour l'anesthésie générale, afin d'étudier comment l'anesthésie affecte le comportement et les processus biologiques des abeilles.

Une fois les abeilles réveillées de l'anesthésie et renvoyées chez elles, il s'est avéré que leurs horloges biologiques s'étaient égarées, avec une erreur de direction de 90 degrés dans l'hémisphère nord et d'environ 60 degrés dans l'hémisphère sud. Cela suggère que l'anesthésie avait perturbé leur perception du temps. En outre, les abeilles qui sont allées chercher du nectar après l'anesthésie ont été retardées de trois heures, ce qui indique également une perturbation de leur rythme circadien.

Les scientifiques ont également étudié l'activité des gènes circadiens des abeilles. L'étude a montré que quelques heures après l'anesthésie, le niveau d'ARNm associé aux gènes circadiens était fortement réduit. Cela confirme que l'anesthésie affecte bien la fonction de ces gènes, bien que les mécanismes de cet effet ne soient pas encore totalement compris. Ce qui est particulièrement intéressant, c'est que si les abeilles sont sédatées la nuit, alors qu'elles dorment normalement, aucune perturbation de leur rythme circadien n'est observée.

Cet effet peut être lié au sentiment de perturbation du temps que nous ressentons après une anesthésie. C'est peut-être l'interférence avec l'horloge circadienne du corps qui explique pourquoi une personne a l'impression que très peu de temps s'est écoulé, alors qu'en réalité il s'en est écoulé beaucoup plus. Les scientifiques ont l'intention de poursuivre leurs recherches afin de déterminer dans quelle mesure une perturbation similaire peut se produire chez l'homme et quelles mesures peuvent être prises pour minimiser cet effet secondaire.

Bien que ces expériences aient été menées sur des abeilles, les résultats concernant les effets de l'anesthésie sur les rythmes circadiens pourraient s'avérer importants pour la médecine également. La compréhension des mécanismes par lesquels l'anesthésie affecte notre perception du temps et des processus biologiques peut aider à créer des techniques d'anesthésie plus sûres, ainsi qu'à améliorer la récupération après une intervention chirurgicale.