Retour au pays : combien d'Ukrainiens sont réellement prêts à rentrer de l'étranger ?

Fin 2024, environ 5,2 millions de réfugiés ukrainiens se trouvaient hors d'Ukraine. Dans le même temps, les données de l'ONU indiquent que plus de 6,2 millions d'Ukrainiens se trouvent dans les pays de l'Union européenne. La Commission d'enquête temporaire de la Verkhovna Rada sur la protection des droits des personnes déplacées à l'intérieur du pays fait état d'un chiffre encore plus élevé : environ 7,7 millions de citoyens ukrainiens, dont 5,3 millions dans l'UE. Ces écarts s'expliquent par la forte mobilité des migrants et la complexité de la comptabilité.

Le problème du retour des Ukrainiens chez eux a acquis une importance stratégique. Selon Violeta Dvornikova, présidente de l'Association européenne des femmes ukrainiennes et responsable du Ukrainian Society Hub à Bruxelles, l'État devrait élaborer une politique de réintégration claire et cohérente, car il n'existe pratiquement pas de recensement officiel des personnes déplacées à l'étranger. Les gens traversent les frontières sans être enregistrés, changent de pays de résidence et, dans de nombreux pays, il n'existe pas de système unifié d'enregistrement des Ukrainiens bénéficiant d'une protection temporaire.

Les statistiques d'Eurostat ne fournissent qu'une image partielle : selon l'agence, près de 4,3 millions de ressortissants de pays tiers présents dans l'UE ont quitté l'Ukraine en raison de la guerre. L'ampleur réelle est bien plus importante. Et même si certains pensent que la majorité des Ukrainiens ne reviendront pas, Dvornikova en est convaincue : des milliers de familles à travers le monde attendent la fin de la guerre pour rentrer dans leur pays.

Selon Ukrainian Society Hub, les premiers à rentrer en Ukraine sont probablement les personnes âgées qui éprouvent des difficultés à s'adapter à l'étranger. La jeune génération, en particulier celles qui se sont déjà intégrées dans de nouvelles sociétés, est moins motivée à revenir. Parallèlement, même celles qui se sont adaptées à l'extérieur n'ont souvent pas la possibilité de s'épanouir professionnellement : la majorité des femmes ukrainiennes travaillent dans le secteur des services, malgré leur niveau d'études supérieur.

La question du retour des enfants partis avec leurs parents reste également sensible. L'adaptation au nouvel environnement n'a pas été facile, et le retour en Ukraine pourrait à nouveau représenter un défi psychologique pour eux. Le nouveau ministère de l'Unité, chargé de la politique de réintégration des Ukrainiens, reconnaît que même après la fin de la guerre, tous ne reviendront pas. Le ministre de l'Unité, Oleksiy Chernyshov, affirme qu'environ un tiers des Ukrainiens sont prêts à rentrer immédiatement après la paix, le reste seulement ultérieurement.

L'enquête Info Sapiens révèle un sentiment légèrement plus optimiste : plus de 52 % des personnes interrogées ont déclaré leur intention de rentrer ; 26,2 % en sont convaincues, et 26,3 % envisagent plutôt de le faire. Parmi elles, 61 % souhaitent rentrer après la fin de la guerre. Cependant, les experts soulignent que plus la guerre dure, moins les Ukrainiens envisagent de rentrer. Si en 2022, près de la moitié des personnes déplacées prévoyaient de rentrer, cette proportion était tombée à 25-30 % fin 2024.

Les projets des Ukrainiens dépendent non seulement de la situation militaire, mais aussi de la situation économique et sociale des pays d'accueil et de l'Ukraine. Les gouvernements de l'UE commencent à introduire de nouvelles restrictions pour les réfugiés, mais l'Ukraine doit également offrir des conditions de retour décentes : accès au logement, au travail, à l'éducation et aux services médicaux. Sans un programme public global, les chances de retour massif restent faibles.